Par Laure JEANDEMANGE.

Corinne Dray

Corinne Dray

Corinne Dray a un parcours aussi riche qu’original… C’est tout ce parcours qui lui a permis de mettre au point le concept de Spa TerreHappy.

J’ai commencé par une formation d’éducatrice Montessori en 1979. Rapidement, j’ai réalisé que je n’étais pas faite pour travailler dans une école. J’ai donc cherché autre chose et c’est par hasard que je me suis tournée vers l’esthétique et je me suis inscrite à l’École Jean d’Estrées.
Ma première expérience professionnelle s’est passée à Paris, chez une pharmacienne qui avait une magnifique parfumerie. Déjà, à l’époque, j’en voulais toujours plus, alors le week-end je travaillais à l’institut de Béatrice Braun.

MON PREMIER ESPACE

Née dans une famille d’entrepreneurs, il était donc naturel qu’à 24 ans, j’ouvre mon premier centre de remise en forme dans l’Essonne ! C’était un espace de 100 m² qui réunissait un hammam, une table shiatsu, un bain à remous et proposait des soins visage et corps, des repas et des cours de diététique.
Ça fonctionnait bien, alors j’ai ouvert un nouveau Coco Beach à Suresnes.
Quatre ans plus tard, j’ai eu envie de changement, j’ai essayé la gérance mais ça n’a pas fonctionné, il fallait de multiples compétences pour gérer de tels espaces, il fallait une locomotive, un meneur pour toujours innover car ce n’est pas parce qu’on a trouvé un concept que tout va fonctionner ! Il faut toujours être aux aguets, essayer de faire mieux, différent, aller chercher les idées là où personne n’est allé… Si vous faites quelque chose qui est connu, ce n’est pas très intéressant… Plutôt que d’être dans un échec psychologique, j’ai tout vendu pour passer à autre chose.

DIRECTION LES ÉTATS-UNIS

Je suis partie à Grenoble, où mon fils est né, avant de partir aux États-Unis, à Carmel, pour réaliser mon rêve d’adolescente. Là-bas, c’était le paradis, même si en étant à l’étranger, on devient l’ambassadrice de son pays, c’était un sacré poids… Finalement, je me suis très bien intégrée. Je me suis séparée de mon mari, j’ai conservé le restaurant qu’il avait créé. Je me suis « remonté » les manches, c’était un nouveau monde pour moi mais j’ai réussi, c’était une belle leçon de vie !
Cette expérience a remis les compteurs à zéro. À partir de là, j’ai su faire des choix, je me suis affirmée, j’ai compris que réussir était pour moi une condition indispensable. Les Américains ne vous font pas de cadeau, les gens qui réussissent là-bas sont les gens qui s’en sont donné les moyens. Il ne faut pas avoir peur, l’angoisse, le stress se gèrent et ce sont des facteurs déterminants dans la réussite. Plus j’avançais dans l’aventure du restaurant, plus je prenais de l’assurance, alors que quelqu’un d’autre aurait pu être totalement écrasé par ce qu’il se passait…

Ambassadrice de l’esthétique à la française

Comme je le souhaitais, trois ans et demi plus tard, j’ai vendu le restaurant et j’ai travaillé dans un Institut Decléor tenu par une femme russe de 80 ans ! J’étais l’ambassadrice de l’esthétique à la française à Carmel en Californie ! Ça fonctionnait très bien, malheureusement, je n’avais plus de visa, il a fallu que je rentre en France, le cœur gros…

DE CHALLENGE EN CHALLENGE

C’est à Monaco que j’ai trouvé du travail, un salon de coiffure ouvrait une cabine esthétique, il fallait tout mettre en place. Finalement, toute ma vie n’a été rythmée que de challenges ! Une fois ma mission accomplie, j’ai été débauchée pour réorganiser un centre d’oxygénothérapie, puis je suis partie chez un ostéopathe. Ma clientèle me suivait, à chaque fois ! Grâce à la commerciale Ahava, j’ai été mise en relation avec une société suisse qui commercialisait un laser froid. Je suis donc allée faire des conférences dans de nombreux salons aux États Unis. De retour en France et remariée, je me suis installée à Aix-en-Provence où j’ai créé une société de conseil et d’audit en esthétique D-Quartet. Parallèlement, j’ai ouvert le concept spa de TerreHappy.

Corinne Dray, la passion de réussir

LE CHÂTEAU LATOUR SÉGUR

En mars 2008, nous rachetons le Château Latour Ségur. Il a fallu tout refaire, nous n’avions que la façade ! Le Château Latour Ségur est aujourd’hui inscrit au titre des monuments historiques. À nouveau, je repartais de zéro, c’était encore un nouveau challenge !
En 2011, les travaux étaient terminés, le spa a ouvert. Nous travaillons avec Océopin, Ahava et Decléor. Au quotidien, je suis accompagnée de deux personnes au spa. L’espace hébergement se compose de cinq suites de 25 à 60 m², en harmonie avec les cinq éléments : eau, terre, feu, métal et bois.

Le concept de spa TerreHappy

TerreHappy est un concept global de soins qui crée des passerelles entre les sphères de la beauté et du bien-être, en alliant les savoir-faire ancestraux (chinois, ayurvédique…) et les nouvelles techniques de soins. TerreHappy veille à redynamiser, rajeunir, ressourcer et adapter les soins aux besoins de chaque client.
Ainsi, il ne s’agit pas juste de prodiguer un soin visage à un client, l’objectif est qu’il vive une véritable expérience sensorielle avec un environnement qui met en valeur tous ses sens avec des odeurs, de la musique, de la décoration, des matières… Tout est choisi, rien n’est laissé au hasard. Le client évolue dans un circuit dans lequel on lui propose de découvrir, avant ou après son soin du visage, un environnement sensoriel où il prend tout son temps, il n’y a pas d’horloge, pas de montre, pas de téléphone, seuls les sabliers marquent le temps…
Chaque expert TerreHappy est spécialisé dans un pôle de compétence, que ce soit pour le massage de l’abdomen, le massage chinois, l’ayurvédique, le thaï…

Ce n’est pas juste un soin, mais une véritable expérience sensorielle

Les escapades bien-être

Nous organisons au Château des « Escapades Nature Bien-Être » où nous proposons de l’aquagym, de la marche dans les vignes, du yoga… Ces escapades dont le prix est très abordable plaisent beaucoup.
Nous échangeons préalablement avec le client par téléphone pour lui préparer un programme sur-mesure avec ou sans hébergement, puis nous faisons alors appel à nos différents intervenants. Le client peut rester deux jours, une semaine ou plus… en étant logé et nourri avec des repas diététiques élaborés par une diététicienne à base de légumes du jardin. Nous lui proposons un programme, comme dans un centre de thalasso, avec les soins de la mer Morte, la balnéo, les enveloppements, le gommage, le hammam, les massages.

L’indispensable diagnostic

Notre objectif est d’offrir une réponse sur-mesure à nos clients. Tout d’abord, lorsqu’un client fait une demande de réservation, je le contacte systématiquement par téléphone pour faire connaissance et connaître l’objectif de sa venue. Lors de cet appel, je détermine ce dont le client a besoin. Je pose des questions qui pourraient peut-être sembler indiscrètes, elles sont tournées vers les goûts et les habitudes du client. Si certains peuvent être surpris par mes questions, ils y répondent tous et viennent finalement avec plaisir…
Ensuite, il faut aborder un sujet souvent délicat, celui du budget. Je n’ai pas peur de demander au client le montant de son budget pour lui proposer un séjour ou des soins adaptés. Comment pourrais-je proposer quoi que ce soit à mon client si je ne connais pas son budget ?
Je valorise son intention, son désir de se faire plaisir, souvent le budget n’est plus un frein.

L’EFFET COVID

Ces deux dernières années, l’effet Covid a rendu la situation compliquée, il y avait vraiment peu de clients. Nous sommes dans un écrin, un cocon, au milieu des vignes, c’est un lieu caché et les clients ne sont pas toujours prêts à se retrouver face à eux-mêmes, dans la nature, en contact avec la terre. TerreHappy, ce n’est pas anodin, c’est se retrouver en contact avec la terre, avec ce que l’on est, avec ce que l’on veut dans la vie. Au début de l’aventure du Château Latour, même s’il n’y avait personne au spa, j’étais sûre que j’arriverais à le développer mais, en attendant, j’organisais des événements car cinq ans, c’est long, il a fallu s’accrocher. Ce que nous vivons depuis 2020 a débloqué les gens, ça les a sortis de leur torpeur… Aujourd’hui, ils ont besoin d’être touchés, je n’ai jamais vu autant de personnes venir au spa… Il n’y a pas un client de l’hôtel qui ne vienne pas profiter des soins !

LA COMMUNICATION AVEC COULEUR MANDARINE

Dès l’acquisition du Château, en 2008, nous sommes entrés en contact avec Axel Chappuis, le fondateur de l’agence de communication Couleur Mandarine. Sa première mission a été de créer l’identité du lieu ainsi que le site Internet. J’avais les idées, Axel a su réaliser le logo dont je rêvais… Alors que le château était en travaux, nous avions déjà le site Internet pour donner une idée de ce que le lieu allait devenir.
Comme moi, Axel a parcouru tous les stades difficiles d’une création d’entreprise et nous nous sommes soutenus moralement. Ses clientes ne le lâchent pas. Il est intègre, humain, intelligent, raffiné, sa touche masculine est un plus dans nos réussites. C’est un partenaire exceptionnel, indispensable dans notre vie de femmes entrepreneuses.
Dans le cadre de mon cursus et de mes aspirations, j’ouvre une agence de conseils et de recrutement et souhaite faire partager mon expérience professionnelle et mes ambitions aux personnes qui comme moi veulent aller au bout de leurs rêves !

LA COMMUNICATION

Axel Chappuis, Fondateur, Directeur de l’Agence de Communication Couleur Mandarine, a répondu à nos questions :

Que faites-vous précisément pour le Château aujourd’hui ?

J’interviens comme consultant essentiellement. Nous définissons avec Corinne les grands axes et nous voyons comment les développer. C’est aussi pour Couleur Mandarine et pour moi-même le moyen de proposer des événements, car le lieu est propice à l’imagination et à l’innovation.

Que voulez-vous faire ressortir à travers votre communication sur le Château ?

Le plus dur était de faire ressortir un passé du XIème siècle avec des valeurs actuelles. Nous avons tourné la communication dans une signalétique forte en iconographie tout en respectant le Château classé Monument de France. Corinne est avant tout une femme avant-gardiste dans ses idées et a un regard tourné vers le futur. Je m’étonne souvent de ses idées qui vont au-delà de la technique et de la technologie de notre époque.
Déterrer des pierres gallo-romaines pour en faire un spa où le temps s’arrête : voilà une grande différence qui souligne une originalité en tout lieu. Sa communication est décalquée via cette forme. Toute la subtilité était que l’image et le design ne prennent pas le pas sur le domaine. Nous voulions faire respirer l’authenticité des lieux. Avoir Aliénor d’Aquitaine et le précurseur de la sociologie et de la philosophie, Montesquieu, en cahier des charges, nous a donné un peu de défis à relever !

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le logo du Château ?

Ce logo est synonyme d’élégance et de subtilité qui reflètent les valeurs du Château, valeurs de la terre, avec l’ensemble des animaux du domaine, valeurs du partage avec les ailes ouvertes et pour finir l’élément central qui sert d’équilibre : la bulle d’eau.

Quel est votre message aux exploitants de spa ?

Aujourd’hui, il faut aller de l’avant, il faut définir ses choix et les tenir, quoiqu’on vous dise, quoi que vous entendiez, allez jusqu’au bout.

Château Latour Ségur