…Ne surtout pas abandonner le spa !

Par Florence KOWALSKI, Spa Boosting, Yog’n Vibes.

Depuis mars 2020 et l’apparition de l’épidémie de Coronavirus, la situation est très compliquée pour la quasi-totalité des hôteliers, qu’ils affichent 3, 4 ou 5 étoiles et où qu’ils soient… Dans ce contexte, le spa pourrait bien être « le » grand perdant des prochains investissements hôteliers. Et pourtant, il a un véritable rôle à jouer…

Le spa est à ce jour l’une des activités les plus délicates à rentabiliser, comparé à la restauration et à l’hébergement. Les charges, notamment salariales, sont lourdes (un massage de 50 minutes nécessite une praticienne à temps plein pendant une heure, sans qu’elle puisse s’occuper d’autre chose en parallèle) et les phénomènes de réservation de dernière minute ne permettent pas toujours d’optimiser les plannings en termes de taux d’occupation des praticiennes. Si on ajoute à cela le fait que le client de l’hôtel doit obligatoirement dormir et manger mais pas nécessairement faire de soin, la tentation pourrait être forte pour les hôteliers d’optimiser leurs charges pour les prochains mois en « taillant » dans les investissements spa, notamment en limitant des recrutements, l’introduction de nouvelles offres ou en repoussant des projets de construction ou d’évolution. Or, ce serait forcément dommageable, car le spa peut prendre une toute nouvelle dimension dans ce contexte inédit.

RAISON N°1
La vague « mental wellness »

Encore peu développé en France, le « mental wellness » devient un enjeu sociétal fort dans lequel le spa « nouvelle génération » peut jouer un rôle clé. Nous en parlions dans le numéro de Spa de Beauté de janvier 2020 : le « mental wellness », que nous pourrions traduire par « bien-être mental », constitue aujourd’hui un enjeu de santé publique dans de nombreux pays. C’est ce que souligne le Global Wellness Institute dans son rapport « Définir l’économie du bien-être mental » présenté lors de son congrès annuel en novembre 2020. En plus de la maladie à proprement parler, la pandémie de la Covid 19 a suscité dans le monde entier de profonds traumatismes émotionnels : peur de la maladie, peur de perdre son emploi, licenciement, perte de liens sociaux… La santé des plus fragiles a été fortement affectée sur le plan émotionnel et le besoin de bien-être mental n’a jamais été aussi important.

Or, l’économie de cette « industrie » du bien-être mental, qui représente 121 milliards de dollars au niveau mondial, s’articule autour de quatre secteurs clés :
– le travail sur les cinq sens,
– l’aménagement des espaces et le sommeil,
– les alicaments et dérivés des plantes pour booster le fonctionnement du cerveau,
– le développement personnel avec la méditation et la pleine conscience.

Les évolutions du spa hôtelier dont nous avons déjà pas mal parlé (cf. Livre blanc Spas Hôteliers : Et si la Covid 19 était une opportunité ? » à télécharger sur le site Spa de Beauté, permettent de dire que ce dernier a son rôle à jouer pour répondre à ces enjeux de bien-être mental, à condition d’adopter son offre sous un angle plus holistique (offre de bien-être plus uniquement physique mais également mental et émotionnel).

Hôteliers, 3 raisons de ne surtout pas abandonner le spa

RAISON N°2
La rentabilité « nouvelle génération »

La rentabilité des activités du spa « nouvelle génération » est plus simple à atteindre qu’avec les activités traditionnelles.

L’accès à l’espace bien-être

Au sein du spa actuel, le chiffre d’affaires est généré par deux ou trois postes clés selon les endroits. Le plus rentable d’entre eux est incontestablement représenté par les accès à l’espace bien-être, quand ils sont commercialisés auprès de la clientèle extérieure. En effet, ce chiffre d’affaires ne génère aucune charge supplémentaire pour le spa puisque la piscine et les équipements fonctionnent dans tous les cas pour les clients de l’hôtel et peu importe le nombre de personnes dans la piscine, les coûts fixes seront toujours les mêmes. La seule limite viendra du fait que l’expérience client hôtel prévaut sur l’expérience du client externe et la taille des installations peut faire que le nombre d’extérieurs pouvant être admis est souvent limité. Donc le chiffre d’affaires également !

La vente de produits

Les ventes produits ont également une rentabilité intéressante sur le papier puisque la marge est en général de deux entre le prix d’achat auprès de la marque et le prix de revente auprès de la clientèle finale. Mais comme vous le savez, la part de produits cosmétiques vendus en spa est infime comparée à ce qui se vend en parapharmacie, en parfumerie et surtout en grande distribution qui représente 40 % de ces ventes. De plus, la culture de la vente n’est pas encore ancrée au sein de la profession d’esthéticienne et de spa praticienne, ce qui limite encore l’impact du chiffre d’affaires « ventes produits » sur le chiffre d’affaires global spa.

Les soins

Enfin les soins, qui génèrent la partie de chiffre d’affaires du spa la plus importante en volume, génèrent également le chiffre d’affaires sur lequel la rentabilité est la moins élevée. En d’autres termes, le revenu que vous générez avec les soins est celui qui, au final, vous ramène le moins d’argent…

Les nouvelles activités !

Or, le spa « nouvelle génération », en introduisant de nouvelles activités telles que le yoga, le qi-qong, le taï-chi, la méditation… ou des consultations type Fleurs de Bach, hypnose ericksonienne, aromathérapie…, est moins générateur de charges, donc plus rentable. En effet les prestataires sont en général des extérieurs payés en fonction du chiffre d’affaires encaissé, donc s’il n’y a pas de chiffre d’affaires, il n’y aura pas de charges. Le revenu peut également provenir d’un tarif de location/heure de salle ou de cabine indépendamment du chiffre d’affaires généré, donc là encore, les charges sont maîtrisées.

Les soins « nouvelle génération » génèrent plus de rentabilité

Développer ce type d’activités aura donc une double vertu : enrichir l’expérience wellness client « hôtel » et améliorer la rentabilité globale de l’activité spa. En créant une véritable opportunité de différenciation en termes de positionnement marketing.

Hôteliers, 3 raisons de ne surtout pas abandonner le spa

RAISON N°3
Le rôle du spa dans l’expérience client globale

Parce que, compte tenu du contexte, les clients auront de plus en plus besoin de bien-être, c’est donc l’occasion ou jamais de faire de son spa un élément à part entière de l’expérience client globale.
Si, avant l’apparition de la pandémie, prendre soin de soi lors d’un séjour à l’hôtel restait accessoire par rapport au fait de dormir ou manger, les spécialistes de santé s’accordent de façon unanime pour reconnaître que le coût humain et émotionnel de la Covid sera élevé. Entre les sensations d’isolement, de pertes de repères, le stress généré par la peur de la maladie, les incertitudes concernant le travail…, le niveau d’anxiété ressenti par les individus est tel que le besoin de se faire du bien et de prendre soin de soi s’exprime désormais de façon très forte, comme l’atteste l’activité très intense des spas durant l’été 2020 puis jusqu’au début du deuxième confinement à la fin des vacances scolaires. Nous imaginions que les clients appréhenderaient de se faire toucher dans un contexte de gestes barrières imposés, de masques obligatoires, de conditions de transmission du virus incertaines… Or ils ont vraiment été au rendez-vous pendant cette période. De nombreux chiffres montrent que, malheureusement, depuis la fin de ce deuxième confinement, la santé mentale des Français, notamment des plus fragiles, s’est encore dégradée.

C’est l’occasion ou jamais de faire de son spa un élément à part entière de l’expérience client globale

Dans ce contexte, le spa peut véritablement devenir un élément à part entière d’un séjour à l’hôtel car prendre soin de son corps, de son « âme » et de son esprit, ce que promet le spa « nouvelle génération », sera essentiel. Et des équipes spa passionnées par le « mieux-être » de leurs clients sauront assurément répondre à cette belle promesse.

Plus que jamais, le spa est donc appelé à devenir un pilier stratégique de l’expérience client en hôtellerie et « l’abandonner » ne doit absolument pas être une option. Les mois prochains nous le confirmeront, à n’en pas douter !

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