Propos recueillis par Doriane FRÈRE. Émilie Briand La Maison de Sens est le lieu idéal pour les clients en quête de sens ou qui souhaitent repartir d’un bon pied dans la vie. Émilie Briand, ex-dirigeante d’une agence média, dirige cette maison de bien-être global à Tarascon en Provence et vous fait découvrir son concept. J’ai 41 ans. Aujourd’hui, je suis en train de vivre une partie de ma vie pleine de sens grâce à des changements que j’ai mis en œuvre ces dernières années. J’ai eu une première partie de vie professionnelle assez vide de sens. J’ai été une ado mal orientée dans mes études. Jeune adulte, je travaillais dans un secteur intéressant qu’est le monde des médias. Toutefois, cela n’était pas porteur de sens à mes yeux. Malgré une carrière fulgurante, impliquant de grandes responsabilités et des réussites professionnelles, je ne me sentais ni animée, complète ou heureuse. LE DÉCLIC Devenue maman à 35 ans, la parentalité m’a mise face à la responsabilité d’être cohérente dans ce que je faisais. Un soir, en rentrant chez moi, j’ai pris conscience que ce que je voulais transmettre en priorité à mon enfant : le goût du bonheur et la capacité à se rendre heureux. Force était de constater que je ne montrais pas beaucoup l’exemple à ce moment-là… La parentalité a donc été un déclencheur de cohérence. DU MONDE DES MÉDIAS AU COACHING J’avais déjà été coachée deux fois dans ma carrière sur la confiance en soi ou le management. Je trouvais qu’être coach était un métier formidable sur deux aspects : la dimension psychique et émotionnelle de la personne et la dimensions business/professionnelle. La formation en coaching Lorsque j’ai pris la décision d’aligner qui j’étais avec ce que je faisais, j’ai décidé de me former au coaching pour avoir un quotidien avec un vrai impact humain. J’ai donc suivi une formation de 2016 à 2017 avec Activision Coaching. La formation s’est déroulée à Paris, en présentiel, sur quatre jours par mois pendant 14 mois et environ 200 heures de travail personnel en complément des jours de formation. J’y ai appris la posture de coach et les onze compétences du référentiel de la Fédération Internationale du Coaching (ICF). J’ai commencé à exercer dans mon cabinet à Paris et je me déplaçais également dans les entreprises pour des sessions de coaching individuel ou collectives autour de la gestion de la carrière, de la confiance en soi, du leadership, etc. La formation en logothérapie Deux ans plus tard, j’ai décidé de me former à la logothérapie. La psychologie s’intéresse à la psyché, aux affects de l’être humain et à ses croyances, là où la logothérapie s’intéresse à la dimension spirituelle de l’être humain et à son projet de vie au sens large. « Logos » signifie « sens », il s’agit donc de la thérapie qui correspond à la quête de sens (sens de la vie, sens du travail, sens d’une épreuve comme un burn-out, une maladie, un décès). Je me suis formée à l’EFRATE à Paris, fondée par Georges-Elia Sarfati, philosophe, psychanalyste et traducteur de Viktor Frankl, le fondateur de la logothérapie. La formation s’est déroulée en présentiel, à raison de deux jours par mois pendant deux ans et envrion 400 heures de travail personnel. J’ai appris la pensée, les outils et les méthodes d’accompagnement développés par Viktor Frankl, la manière dont la dimension spirituelle d’un humain peut agir sur sa psyché, ses émotions, ses croyances. Qu’est-ce que la logothérapie ? Victor Frankl, psychiatre, a créé la logothérapie. Son parti-pris était que la quête de sens était la condition psychique de l’équilibre mental de l’humain. Un humain qui n’arrive pas à donner du sens à ce qu’il vit est un humain qui n’arrive pas à trouver l’équilibre et le bonheur. Lorsque l’on est sur des questions de sens, on touche vraiment l’être authentique. On est sur les enjeux existentiels. Cela a donc changé significativement ma pratique, cela l’a améliorée, cela lui a donné une autre consistance. LA MAISON DE SENS Profitant de l’arrêt de son activité dans l’hôtellerie, mon mari a travaillé sur un projet de création de ferme en agriculture régénérative qu’il souhaitait implanter dans le sud de la France. C’est ainsi que nous avons visité une maison entourée de terres agricoles à Tarascon en Provence. Et cela a été bien plus qu’une visite, cela a été une rencontre. Cette maison a décidé de la suite de notre vie. C’était la maison parfaite pour accueillir des personnes avec le besoin de se ressourcer et de se reconstruire… Le concept J’ai créé la Maison de Sens en 2021. C’est un lieu dans lequel j’organise des séjours de ressourcement qui peuvent être individuels pour une quête de sens, à la sortie d’une épreuve comme un burn-out ou une maladie, ou collectifs sur des thèmes donnés comme la reconversion professionnelle, la confiance en soi, cultiver sa joie, la maternité et l’identité, recréer du lien avec ses enfants. Pour un séjour « Trouver le sens », le tarif de 1860 euros TTC comprend : – L’hébergement en suite privative pour 4 nuits. – La pension complète pour 4 jours. – Les 6 séances individuelles en logothérapie et accompagnement personnel. On se ressource, on se reconnecte à soi, à la nature, grâce au cadre, au lieu, à l’accompagnement proposé, aux soins qui jalonnent le séjour. Une journée type Réveil, petit-déjeuner, séance de logothérapie et/ou de coaching, marche dans la nature, déjeuner. Temps de repos, lecture, écriture (exercices à faire pour la séance du lendemain). Soins : massage, cours de yoga, sophro, réflexologie, consultation de naturopathie, soin du visage, puis temps libre et dîner. Nous pouvons accueillir jusqu’à quatre personnes en cure. Elles partagent ainsi certains repas et activités. Un cadre apaisant La décoration des lieux est également très importante, très pure, très apaisante, il n’y a pas de couleurs criardes, tout invite à la paix et au repos. Autour de la maison, c’est la nature, le verger, la piscine, les oliviers… Nous proposons une cuisine végétarienne qui est bonne pour le corps et pour l’esprit. La nature joue sur le corps, l’esprit et le cœur lorsque l’on propose des ateliers de marche. En effet, on est dans une attitude contemplative, on ressent de la gratitude, on agit directement sur l’émotionnel. UN LIEU DE RESSOURCEMENT La Maison de Sens est un lieu de ressources et de ressourcement. J’ai créé au sein de cette maison un réseau d’intervenants qui apportent des ressources aux clients qui y séjournent. Je travaille en collaboration avec une sophrologue, une réflexologue, une massothérapeute, une naturopathe, des professeurs de yoga, des coachs sportifs, des personnes qui proposent des prestations d’accompagnement qui, ajoutées au coaching et à la logothérapie que je pratique, vont créer un parcours où le client va se reconnecter à son corps et remettre de la clairvoyance et de l’apaisement dans son esprit. Il y a en tout six intervenants. Différentes activités pour différents objectifs Lorsqu’on traverse une quête de sens ou une crise, il est nécessaire de reconnecter le corps, l’esprit et le cœur (les émotions). Certaines disciplines n’agissent que sur un seul niveau comme le coaching ou la logothérapie qui agissent sur l’esprit. D’autres disciplines agissent à plusieurs niveaux comme la sophrologie. Cela agit sur le corps et l’esprit grâce à des exercices d’ancrage qui permettent d’apaiser les angoisses qu’on ressent dans son corps mais qui sont également déclenchées par l’esprit. D’autres encore agissent sur l’alignement global comme le yoga. Les massages agissent quant à eux sur le cœur et le corps, en relâchant tout, la personne s’autorise alors à ressentir des émotions. C’est finalement un parcours global qui crée une expérience significative. Le parcours est sur-mesure, défini après entretien avec le client avant sa venue. Après leur séjour, les personnes sont différentes, nous créons les conditions d’un nouveau départ pour remettre du sens dans leur quotidien. Ici, nous créons les conditions d’un nouveau départ LA QUÊTE DE SENS Les personnes sont de plus en plus en quête de sens dans leur vie, je le constate depuis le début de ma reconversion professionnelle en 2017. Maintenant, j’ai spontanément des personnes qui m’appellent en me disant : « Bonjour, j’ai besoin de redonner du sens à ma vie ». Ce n’était pas le cas il y a un an, cela s’est accentué en une année. C’est quelque chose qui est de plus en plus assumé comme étant un moyen tout à fait sain de considérer la suite de sa vie. La parole s’est donc libérée et le sens est quelque chose de tout à fait assumé. Cela a pu se faire grâce au développement de la psychologie positive, de podcasts en lien avec ces thématiques et au fait que la quête de sens est de plus en plus présente dans les médias. Tout concourt à créer non pas uniquement une prise de conscience mais une envie d’agir en cohérence avec cette prise de conscience. De plus en plus de gens l’ont fait, ils témoignent. La quête de sens est probablement la demande la plus saine d’esprit qui soit LE BURN-OUT, UN MAL-ÊTRE DE PLUS EN PLUS PRÉSENT Le burn-out est la problématique la plus courante des clients qui viennent pour un séjour. Avant toute chose, je m’assure de pouvoir les accueillir par téléphone, avec un échange d’environ une heure, puis un questionnaire préalable écrit. S’il y a une contre-indication médicale, je ne les reçois pas. Au plus fort de la crise du burn-out, la personne ne peut pas venir ici. Je ne suis pas psychiatre, infirmière ou médecin. Si elle est en chemin vers son burn-out, elle en a conscience ou son entourage lui a dit, je peux la recevoir pour que l’on travaille ensemble sur tous les signaux qu’elle n’a pas entendus. On s’interroge sur la raison pour laquelle elle ne les a pas entendus pour agir. Mais si la ligne rouge a été franchie, il faut attendre qu’elle se soit suffisamment reposée, qu’elle ait été prise en charge médicalement, pour qu’elle retrouve un élan suffisant pour être reçue ici. Une prise en charge pour trouver du sens… La prise en charge est en tout cas la même que pour nos autres séjours, nous cherchons en profondeur ce qui se joue dans le rapport de la personne à son travail avec l’aide du coaching, de la logothérapie, de séances et de questionnements spécifiques. La dimension existentielle l’élève et donne un regard nouveau sur ce qu’elle traverse. Donner du sens à une épreuve aide à la traverser. La quête de sens est probablement la démarche la plus saine d’esprit qui soit. Il n’y a pas de gêne, encore moins de culpabilité à avoir, à ressentir le besoin de trouver du sens à sa vie. C’est probablement ce qu’on peut faire de meilleur pour soi-même.