Parcours spa : Hélène Schetting

Par Laure JEANDEMANGE.

La passion de l’humain, accompagner et aider qui nous sommes vraiment, voici la mission d’Hélène Schetting au cœur d’une époque où la recherche du bien-être au travail et la quête de sens sont de plus en plus courants, dans l’univers du spa, comme ailleurs.

UN PARCOURS ATYPIQUE

Hélène Schetting

Rien ne me prédestinait à entrer dans le monde de la beauté et pourtant…
J’ai eu mon Bac à 16 ans. Personne n’est parfait ! Après des études de droit et une spécialisation marketing, à 21 ans, je travaillais déjà. J’ai débuté ma carrière à l’international. De fait, j’ai une culture, une vision du monde et du business très anglophone. Très rapidement, j’ai eu des postes de directrice marketing que j’ai exercés dans des structures différentes (start-up, PME, groupe…). Dans mon parcours, je distingue deux grandes parties :
– la première partie orientée carrière et business avec un temps fort, celui de l’intégration du monde de l’esthétique en 2006. J’y ai découvert le management des équipes exclusivement féminines, la sororité, le partage,

– et la deuxième partie qui s’est construite autour de ma réalisation en créant et développant mon entreprise. Lorsque je suis devenue maman, je n’ai pas voulu choisir entre mon travail et ma vie personnelle. Mon besoin de liberté et celui d’entreprendre allaient devenir mon moteur. Le fil rouge de mon parcours, c’est ma passion pour l’humain, regarder avec un œil affûté les rapports entre les individus, observer les fonctionnements et les comportements. C’est ainsi que j’ai créé mon cabinet de conseil en management et d’accompagnement de dirigeants et managers. Je fête cette année mes 10 ans !

PLUS LOIN QUE LE CONSEIL

Pour être tout à fait honnête, en 2007, c’est une collaboratrice qui m’a aidée à découvrir ma mission de vie en me faisant lire le livre de Matthieu Ricard « Plaidoyer pour le bonheur » et en me disant à quel point mon management était atypique, très horizontal, où chacun peut s’exprimer et surtout prendre ses responsabilités. Céline me disait d’aller plus loin dans ma quête personnelle de développement. Me proposant ainsi de découvrir qu’une autre voie de pensée, de réflexion et d’action était possible. Il fallait maintenant partager ce que je savais. Elle fait partie de ces personnes qui m’ont aidée à accéder à une forme de prise de conscience. Je l’en remercie.
Au début de la création de mon entreprise en 2010, j’ai fait de la maîtrise d’ouvrage en accompagnant les porteurs de projets qui souhaitaient ouvrir un spa. Puis j’ai rencontré Mireille Terrade, la sœur de Silvya Terrade, qui était directrice d’une école d’esthétique. Cette rencontre, puis celle de Sophie Delsahut, ont été décisives. Grâce à elles, en 2011, j’ai démarré l’enseignement en étant la première en France à enseigner le CQP Spa Manager. Puis j’ai été professeur de BTS en esthétique, tout en continuant à côté mon activité de conseil. Le début d’une passion qui continue encore aujourd’hui : transmettre et partager.
Je le sais maintenant : le hasard n’existe pas.

La formation, essentielle

Et je suis devenue coach parce que c’est le seul métier où réellement je savais que j’allais mettre à profit à 100 % ma personnalité et mon expertise managériale. Aussi, je suis retournée à l’école pour apprendre ce métier exigeant qui répond à des compétences précises et des connaissances spécifiques. Alors, j’ai intégré le programme Exécutive Éducation d’HEC Paris avec une spécialisation en coaching systémique, c’est-à-dire le développement du potentiel humain. J’ai soutenu mon mémoire sur l’intelligence émotionnelle et l’intelligence intuitive, sujet passionnant pour comprendre comment aujourd’hui l’entreprise a besoin de remettre l’individu au cœur du système. Désormais, je possède une solide « boîte à outils » et des supports nombreux et adaptés à chacun. Et puis, c’est ce qui est merveilleux, ma pratique est en constante évolution au travers de mes lectures, de l’enrichissement de mes rencontres, de ma connexion de plus en plus forte avec la nature et cette dimension holistique (corps/tête/cœur).
Depuis ce jour, je continue sans relâche à travailler mes sujets de prédilection : l’intelligence émotionnelle, le leadership, le management bienveillant, et à comprendre comment et pourquoi les gens fonctionnent comme ça, comment expliquer tel ou tel comportement. C’est tellement naturel pour moi, mon métier est ma grande passion en reprenant à mon compte les mots de Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ».

Coach VS consultant

Aujourd’hui, je suis coach, un mot détestable tant il est galvaudé, il y a des coachs en tout ! Avant, il y avait les consultants, maintenant il y a les coachs. La mission même du coach, c’est tout sauf de faire du conseil. Je coache dans mon cabinet et en distanciel (France et international). L’objectif de l’accompagnement est de travailler sur des sujets comme la reconversion professionnelle, l’équilibre vie pro vie perso, les transitions ou les changements profonds, l’épuisement professionnel (burn-out). Le « voyage », c’est le mot que choisissent souvent mes coachés quand ils parlent du travail que l’on fait ensemble. Un voyage pour plus de cohérence et d’alignement de la personne en lien avec ses envies, ses choix et ses besoins. Être cohérent avec ce que l’on dit et ce que l’on fait est une clé d’entrée pour plus de bonheur parce qu’il n’y a pas de dichotomie entre qui l’on est, ce que l’on fait et ce que l’on dit.
J’ajouterai qu’être coach, c’est un vrai métier qui requiert une solide formation et de l’expérience. Aussi, j’attire votre attention : choisissez votre coach en vous assurant de la qualité de sa formation académique, de sa supervision au regard de ses bonnes pratiques professionnelles et qu’il est fait lui-même un travail thérapeutique en amont.

Coach VS psy

Lors d’un coaching, je touche à des aspects parfois intimes, complexes, j’accueille de plus en plus de personnes en burn-out, d’où l’importance d’être formé. Le coaching répond à la question très pratico-pratique du « Comment ? ». Je ne suis pas psy, le psy répond à la question du « Pourquoi ? ». Je travaille énormément avec des psys, et j’ai l’humilité d’envoyer mes coachés vers un psy lorsque cela n’est plus de ma compétence. Cela m’arrive 3 à 4 fois par an.
Il y a beaucoup de points communs dans la relation de coaching et celle de psy, comme le transfert, le contre-transfert, ce qu’on appelle des reflets systémiques c’est-à-dire une sorte de miroir dans lequel on voit chez l’autre ce qui nous a touchés et vice-versa. C’est pourquoi le coach doit être au clair avec sa propre histoire, ses valeurs. Le métier de coach est compliqué et il est primordial d’être face à quelqu’un de formé car dès que l’on touche à l’humain on ne peut pas faire n’importe quoi.
En tant que coach, je réponds donc à la question du « comment », j’accompagne les personnes sur comment mettre en place les choses, c’est très pratique. Mon travail c’est écouter, entendre ce qui n’est pas dit et poser LA ou LES bonnes questions qui feront émerger la réponse chez le coaché. C’est un métier subtil orienté sur le sujet, c’est-à-dire l’humain. Mon scope, c’est le coaching individuel ou d’équipe. Ce qui m’intéresse, c’est le potentiel de développement de l’humain au travers du leadership, du management, des émotions, et de l’intuition.

Êtes-vous prêt à vivre une expérience qui va vous changer définitivement ?

Ma mission de coach

Elle tourne autour de mes valeurs : l’honnêteté, la liberté et l’altruisme.
Mon métier, c’est la transformation, c’est-à-dire passer d’un état d’être à l’autre.
Le processus est simple : je travaille avec mes coachés des sujets précis avec des objectifs à atteindre, pendant une dizaine de séances espacées de deux à trois semaines permettant d’expérimenter entre les séances et de mettre en place ce qui s’est passé pendant les séances. Moi, je suis là pour répondre à une question pratique, ponctuelle et j’interviens de façon brève dans la vie des gens, comme un moment suspendu.
Les gens viennent me voir en me disant : « Je viens parce que j’ai vu la différence d’état de mon amie entre avant et maintenant », « J’ai besoin d’aide », « Je suis au bout du rouleau, si ça continue comme ça je vais me mettre en arrêt maladie », « J’ai besoin d’une respiration »…
La phrase d’introduction de chacun de mes coachings, qu’il s’agisse d’une personne ou d’un groupe est : « Êtes-vous prêt à vivre une expérience qui va vous changer définitivement et qui changera votre vision du monde ? ». Les personnes sont toujours surprises de cette question mais lorsqu’on fait appel à mes services, c’est pour aider à une transformation, c’est mon travail. Parfois ça bouge, parfois ça grince, parfois ça pique… Mais l’objectif est de se transformer et se transformer c’est grandir, et c’est magnifique de se dire qu’on va enfin être à 100 % acteur de sa vie et trouver enfin sa propre liberté. S’autoriser à être, c’est aussi l’histoire d’une vie.

S’autoriser à être, c’est l’histoire d’une vie

MON QUOTIDIEN : COACHING ET FORMATION

Mes clients viennent de l’univers du spa et de la beauté soit en direct soit à la demande de l’entreprise au travers des RH ou du chef d’entreprise. Ils me contactent pour accompagner des individus ou des groupes comme des comités de direction ou des comités exécutifs qui ont besoin de méthodes pratiques pour trouver le bon rythme de travail ou un accompagnement lors d’un changement de direction. Je suis aux côtés de nombreuses personnes qui vivent un changement, qui sont en reconversion professionnelle, subissent un rachat ou une fusion d’entreprise, j’accompagne les peurs, parfois aussi les colères des uns et des autres.
Et je continue toujours la formation. Former les professionnels à mieux se comprendre, à mieux fonctionner pour eux et pour les autres et dans l’ensemble des domaines de leur vie sur le plan familial, amical et professionnel est passionnant ! La formation est fondamentale parce que former les gens à s’autoriser à être soi-même est un grand défi. Cela m’oblige à beaucoup d’humilité.

LES PROBLÉMATIQUES DE L’UNIVERS DU SPA

Les coachés de l’univers du spa que j’accompagne ont généralement des problématiques en lien avec le manque de bienveillance allant à l’encontre des principes fondateurs du wellness. Des sujets récurrents comme des heures consécutives de massages pour les praticiennes, peu de proximité dans le management avec des exigences qualitatives extrêmement fortes et ce sans aucune contrepartie, un turn-over important, des arrêts maladies dues aux cadences fortes… J’accompagne régulièrement des spas managers, surtout en hôtellerie, qui ne trouvent pas leur place ou qui manquent de reconnaissance dans leur travail.

On récolte ce que l’on sème

Voici un exemple concret : une spa manager ne supportait plus que sont N + 1 lui parle de façon autoritaire. Ensemble, nous avons travaillé sur la notion de responsabilité pour prendre conscience que chacun est à 100 % responsable de la relation.
Nous avons travaillé ensemble sur sa posture, sa communication verbale et non verbale (était-elle fermée, n’en faisait-elle pas qu’à sa tête… ?). J’en profite pour faire un ajout : n’oubliez pas que le comportement de votre hiérarchie vous renvoie à votre propre comportement… C’est l’effet miroir. Lors d’un rendez-vous avec sa direction, sans s’excuser ou se justifier, elle a expliqué qu’elle n’avait pas compris qu’effectivement elle se comportait d’une façon inadaptée. Et le fait de dire « je » est extrêmement important, cela signifie qu’elle est responsable de sa relation, ses mots étaient : « Désormais, j’ai compris », « J’ai agi comme ça », « Je sais que » et « J’aimerais qu’à présent on ré-envisage notre relation »… Son responsable était très surpris, il a eu quelques instants d’incompréhension mais il a compris. Les choses ont évolué de façon très positive. En changeant de comportement, elle est devenue chef de cabine et supervise les autres, elle est un relais de sa direction. Voici l’exemple concret d’un problème réglé en trois séances.

Les mots qui « tu »

Les mots qui tuent (tu) relèvent de tout le vocabulaire qui est en lien avec l’humiliation. Le mot le plus horrible c’est « Tu ne fais pas bien comme ça », « Tu devrais faire ci », « Il faut que », c’est très difficile à entendre pour les collaborateurs. Quand le manager dit ça, de quoi a-t-il réellement besoin ? Quelle est son attente ? Le « tu » accusateur est très violent. Alors optez pour le « JE » lorsque vous parlez. Lors de mes formations, on travaille beaucoup la prise de parole et l’assertivité. La bonne nouvelle, être acteur de son langage, cela s’apprend.

La toxicité managériale

J’ai de plus en plus de coachés qui me questionnent pour savoir comment faire face à la pression et à tout ce qu’on leur demande. Alors que l’on voit apparaître, les Chief Happiness Officer, je n’ai jamais vu autant d’individus en burn-out ou vivre des crises existentielles aussi importantes.
Parfois, on peut être dans une relation toxique sans vraiment s’en rendre compte, car, ce qui est dramatique avec la perversion, c’est qu’elle est sournoise. Au début, on ne se rend compte de rien, on est même charmé par cette personne et, au fur et à mesure des semaines, une fois que la personne a bien enrobé sa proie de miel, débute alors l’escalade de la violence. Face à un pervers narcissique, il n’y a que deux options : fuir ou mourir.

L’AVENIR…

Le télétravail imposé pour les fonctions supports (marketing, finance, commercial…), il y a quelques mois, a été une marche forcée pour de nombreuses sociétés qui se sont alors rendu compte que l’on pouvait faire différemment, le manager a été obligé de faire confiance et ne pouvait plus être dans le contrôle. Dans les prochaines années, je crois que l’on va vers de plus en plus d’horizontalité décisionnelle et beaucoup plus inclusif. Je connais bien le monde de l’entreprise et le système actuel est à bout de souffle. Il est urgent que les organisations se repensent laissant la place à d’autres formes de relations plus empathiques, plus égalitaires, plus inter-générationnelles, plus respectueuses de l’Homme et de la Nature.
Mon métier demain s’adressera encore plus que jamais à ceux qui veulent des clefs de réussite effectives permettant de passer le niveau supérieur et surtout passer du « faire » à l' »être ». Je pense que le coaching de manière générale aidé par la psychologie positive va entrer dans les pratiques françaises. Il sera normal d’avoir son coach. Et puis, je crois aussi à cette dimension holistique (surtout dans notre secteur d’activité) entre le corps et l’esprit.
Dans cette optique, je crois beaucoup à l’alliance de la santé et du bien-être et le spa a une place de choix dans cette stratégie.